Conférence : LE GAZ DE SCHISTE - UN TOURNANT INDUSTRIEL MAJEUR ? Conférence ouverte aux conjoints et invités des Rotariens.

jeudi 16 octobre 2014 19:45-20:45, Ramada Brussels Woluwe
Conférencier(s): Le professeur Bernard-Michel CARMOY
Organisateur(s):
  • Etienne CORNESSE

Réunion du Rotary Club Wezembeek-Kraainem n° 1084 du jeudi 16/10/2014.

Invités :

  • Me Jacqueline Schmerber, Présidente élue du Rotary Club  de Bruxelles Nord
  • Piet Tsemba, membre du Club de Kinshasz Binsa
  • Jacques Bélis, ancien membre de notre club
  • Mr Dubroux, président du Lions Club International de Waterloo et son épouse
  • Messieurs Gallez, Gauche, Huybrechts et Dethier
  • Plusieurs épouses des membres de notre Rotary Club

 

Jean-François Dehem nous présente notre orateur M. Bernard-Michel Carnoy qui nous fera un exposé sur « Le gaz de schiste : un tournant industriel majeur ? »

Nous retiendrons que :

1) Contexte macro-économique

  • En 2050 la terre comportera 9 Milliards d’habitants
  • Il faut résoudre la problématique des gaz à effet de serre
  • La hausse des températures moyennes de la terre reste un challenge mondial
  • L’augmentation des gaz à effet de serre est principalement due à la combustion du charbon, surtout en Asie et depuis les années 2000.
  • Les énergies renouvelables ne comptent que 2,6% des énergies utilisées dans le monde et sont surtout mises en place en Europe. Elles ne seront jamais qu’une énergie complémentaire.
  • Les USA
    • produisent moins de gaz à effet de serre suite à la transformation de leurs centrales au charbon par des centrales au gaz.
    • n’ont pas signé les accords de Kyoto
    • produisent beaucoup de charbon et l’exportent massivement, ceci ayant entrainé une chute du prix du charbon
    • exportent également du pétrole et du gaz (et de ce fait, les pays du Moyen Orient deviennent moins stratégiques aux yeux des américains).
    • pourraient même fournir du gaz en Europe, venant directement concurrencer le gaz Russe.
  • La croissance de l’économie se passe surtout dans les pays émergeants. Ainsi en Chine, une nouvelle centrale au charbon est ouverte chaque semaine ! Toutefois ceci a coût qui nous est peu connu : il y aurait 10.000 morts par an dans les mines de charbon en Chine.
  • La demande énergétique mondiale va continuer à croître

2) Le gaz de Schiste

  • Est une énergie très bon marché. Pour preuve, aux USA l’électricité est vendue 50% moins chère qu’en Europe, le gaz est 6 fois moins cher.
  • Les gaz de Schistes se trouvent au niveau de la roche-mère, à une profondeur de +/- 3km. A cette profondeur, on trouve de grandes quantités de gaz et pétrole qui sont « emprisonnés » dans la roche.
  • La technique d’extraction ne semble pas être très compliquée : on creuse en profondeur, on injecte beaucoup d’eau et un peu de sable ensuite on fait monter la pression à 300 bar ce qui crée une explosion de la roche : de microfissures dans la roche permettent alors au gaz et pétrole enfoui de remonter « naturellement » à la surface (durant +/- 10 ans).
  • Cette technique « non conventionnelle » n’a été mise au point que récemment grâce à 2 avancées technologiques notoires :
    1. Le forage horizontal permet de couvrir une large zone à partir du puits de forage (vertical) principal
    2. La fracturation hydraulique permettant de faire « percoler »/ remonter le gaz et pétrole à la surface
  • Il y a des quantités énormes de gaz à récupérer,
    • notamment en Asie, en Amérique du Nord et Latine, au Moyen Orient, en Russie et même en Europe (principalement en France et en Pologne).
    • La Belgique pourrait aussi être concernée à moindre échelle, notamment en Campine (sol semblable au Texas) et dans le bassin Dinantais (sol semblable à la zone d’extraction « Marcellus » aux USA).
    • Ces énormes quantités pourraient subvenir à 250 ans de consommation énergétique mondiale (alors qu’au départ l’on ne parlait que de 60 ans) !
  • Les coûts de production sont eux aussi largement à la baisse :
    • En 2008, les USA produisaient 30 Mio de m³ de gaz à 8-9 $ le m³
    • Aujourd’hui, ils produisent 180 Mio de m³ de gaz à 3 $ le m³.
  • De récentes études semblent indiquer que l’Europe pourrait extraire le gaz avec des coûts de production de l’ordre de 12 $ (largement inférieur au prix du baril de pétrole)
  • Les grands groupes pétroliers (Exxon, Total…) s’intéressent largement à ces techniques non conventionnelles et ils ont investi massivement grâce à de multiples rachats.
  • Grâce à ces techniques d’extraction, et en dehors de l’extraction de gaz, il faut aussi considérer l’extraction de pétrole qui est très attractive :
    1. Le prix du pétrole est stable
    2. On le stocke très facilement
    3. Les marges sont énormes (le prix du baril conventionnel est de l’ordre de 120 $ alors que les coûts de production de pétrole par ces nouvelles techniques aux USA n’est que de 40 $).

 

3) Les enjeux commerciaux et environnementaux

  • Grâce à l’exploitation des gaz de schistes, les USA deviennent indépendants d’un point de vue énergétique
    1. ils n’importent plus de produits européens
    2. ils commencent à exporter leur énergie
    3. cela soutient aussi leur économie (plus d’emplois, plus de taxes…)
  • Certains pays souhaitent suivre l’exemple américain afin de trouver eux aussi leur indépendance énergétique : il s’agit de l’Australie, de la Chine, de la Pologne, du Danemark et de l’Angleterre
  • Les réserves de gaz de schistes en France correspondent à 100 ans de consommation !
  • Mais hélas, et d’après notre orateur, la France a fait l’objet d’une campagne de désinformation très bien orchestrée, ceci ayant entrainé l’abandon des démarches visant à commencer cette exploitation.
  • Notre orateur nous explique aussi que cette technique « non conventionnelle » n’a quasi pas d’impact  environnemental :
    1. Il n’y a aucun risque de pollution des nappes phréatiques car de nombreuses mesures sont prises en termes de sécurité (plusieurs cuvelages en acier)
    2. Il n’y a pas de risque suite aux micros événements sismiques car les opérations se passent très profondément (les vibrations sont de 10 à 10.000 fois inférieures à un tremblement de terre de niveau 2 sur l’échelle de Richter, le premier niveau sensible pour l’humain).
    3. Il n’y a pas de pollution des fluides de fracturation car il n’y pas d’utilisation d’additif nocif. Ceux qui sont utilisés viennent de l’industrie agro-alimentaire.
    4. Il n’y a pas de problème d’eau : il faut compter 15.000 m³ d’eau pour l’exploitation d’un puits (comparable à l’arrosage d’un terrain de golf) et l’on peut en récupérer 70% pour un autre puits, éventuellement l’eau de mer peut même être utilisée.
    5. L’occupation des sols n’est pas problématique non plus : il suffit d’un ha d’installation pour pouvoir gérer 500 ha d’exploitation.
    6. En fin d’exploitation, il n’y a pas de séquelles environnementales.

 

4) Conclusions

  • Les USA ont démontré la rentabilité de l’exploitation des gaz de schistes
  • Cette exploitation influence les équilibres économiques mondiaux
  • Les ressources (de gaz et pétrole) des roches-mères sont très importantes
  • Il n’y a pas de conséquence notoire environnementale
  • L’exploitation des gaz de schistes
    • est plus un problème de société et d’acceptabilité
    • ne posent plus aucun défi technique
    • est un élément important pour assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique.